Déjà au XII siècle l'Abbaye de Carceri était connue comme hospice où logeaient les pèlerins que du Nord Europe allaient à Rome, parcourant la route que de Padoue conduisait à Bologne. En 1339 les moines ont agrandi ultérieurement l'église : la structure était à trois nefs romanes. En 1407 les Augustins ont laissé Carceri, décimés par les disettes dues à la peste et aux invasions des criquets, très fréquentes à l'époque. Pour donner du nouvel élan à l'Abbaye, le Pape Grégoire XII a transféré la possession et le soin de l'église des Augustins aux Camaldules, qui sont restés ici pendant presque trois siècles. Avec les Camaldules l'Abbaye a vécu une période d'extraordinaire splendeur.
Les moines ont continué l'oeuvre d'assainissement, ont agrandi les structures de l'Abbaye, la douant de quatre cloîtres, ils ont construit une grande salle pour la bibliothèque, une hôtellerie pour les pèlerins, ils ont agrandi l'église avec le choeur ; à la place des trois nefs brûlé par une incendie (en 1643), ils ont bâti l'actuelle nef unique (en style baroque) bénie par S. Grégoire Barbarigo en 1686. Les moines camaldules avaient crée auprès de l'Abbaye une véritable Académie d'études en collaboration avec l'Université de Padoue, ils avaient un Noviciat et une école pour la formation des jeunes à la vie monastique.
En plus ils travaillaient la céramique, la cuisaient au four, ils géraient une étable avec des centaines d'animaux, une pharmacie considérée comme la plus ancienne de la région, ce qui preuve leur connaissance de la botanique et des herbes officinales. Du XIV au XVI siècle l'Abbaye de Carceri fut une des plus riches de la Vénétie.
Vers la moitié du XVII siècle les Camaldules étaient plus de 60 et nombreux étaient aussi ceux qui tout en n'étant pas de prêtres, suivaient la vie monastique. L'Abbaye possédait des legs, des prébendes, des champarts, des concessions et plus de 3600 campi padovani (1 champ = 3862,57 m2) assainis et cultivés.
De cette période d'or restent le grand cloître du XVI siècle, la nef de l'église avec le coeur, la partie supérieure du petit porche de l'entrée, l'hôtellerie, la salle de la bibliothèque, autrefois riche de codes et libres imprimés, beaucoup desquels portés ailleurs par les mêmes moines en 86 grandes caisses à l'époque de la suppression, perdus ou vendus. En 1690 le Pape Alexandre VIII supprima l'Abbaye de Carceri et ses territoires furent vendus aux enchères pour financer la République de Venise dans la guerre contre les Turques.
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